« Tu n’aurais pas souhaité ma mort par hasard … ? »
Jazz & Jeven

Ce matin, le réveil avait été difficile pour le jeune homme. Pour tout dire, après avoir assuré son service au Starbucks du début de l’après-midi jusqu’à la fermeture ; c’étaient ses cours qui l’attendaient gentiment chez lui. Malheureusement, un projet ne se finissait pas tout seul. Dans ces moments-là, Jeven aurait souhaité disparaître ne serait-ce qu’une heure ou deux pour oublier la pression des études. Personne n’a jamais aimé être sous pression et ce n’est pas maintenant que ça allait changer. Jev’ avait donc passé sa nuit à bosser pour un devoir qui nécessiterait à priori plusieurs semaines ; il n’avait pas tout à fait fini, mais il avait bien avancé. Et c’est exténué que vers deux ou trois heures du matin, il finit par se couché encore habillé, se laissant littéralement tombé sur son lit ; il ne lui fallait pas attendre longtemps pour qu’il s’endorme de suite.

Pourtant il fallait bien qu’il se lève puisque la journée allait se répéter, mais en un peu moins lourde tout de même : Starbucks & répétition avec le groupe. Bien sûr il lui restait encore son projet, mais il le caserait là où il pourra le faire. Heureusement qu’il avait le groupe pour se changer
Il était K.O, on pouvait le dire. Sullivan se sentait d’une mollesse épouvantable et il savait très bien qu’il ne devait pas commencer la journée ainsi où ce serait toute sa journée qui serait gâché par sa fatigue mentale. Mais bon, c’était un problème qu’il savait comment gérer. Paradoxe ou non, le jeune Sullivan prenait quelques heures par semaine pour faire un peu de sport, cela le renforçait un peu plus. Ne pas glander dans son lit toute la matinée, c’était exactement ce qu’il ne devait pas faire. Facile à dire… Mais Jeven trouva quand même la motivation de se lever. N’ayant pas eu la force d’enlever ses vêtements de la veille, il se changea pour enfiler un bas de jogging et un Tee-shirt blanc afin d’éviter de perdre du temps à se changer dans les vestiaires ; puis s’empara de son sac de sport sous son lit pour y mettre un jean et un autre Tee-shirt propre avec toutes ses autres affaires d’entrainement. Ce qui était plutôt avantageux de vivre en Australie, c’est que le temps était la plupart du temps ensoleillé. Il dévala les escaliers sans oublier de prendre son iPod, et son sac à l’épaule, il se mit en route pour le centre sportif d’Adelaïde.

La fatigue se lisait sur son visage, et tout son corps d’ailleurs. Le jeune Sullivan trainait un peu des pieds, mais après avoir pris le bus et quelques minutes de marches, il arriva enfin au centre de fitness. Une petite victoire pour lui qui se serait bien vu encore dans son lit pour une grasse matinée cette heure-ci. Jeven tira la porte et franchit le seuil d’entrée pour atterrir dans le grand hall. Il se dirigea directement vers le vestiaire pour y déposer ses affaires dans un casier libre, sans oublier de prendre une petite serviette, sa bouteille d’eau et son iPod, et le verrouilla avant de retourner dans la salle rejoindre toutes les machines. Il avait déjà son petit parcours en tête et commençait toujours par un peu de course alors c’est ce qu’il fit. A cette heure, le centre était encore peu occupé, mais il y avait tout de même des courageux, enfin… de grands sportifs pour la plupart, et ça se voyait. Il grimpa sur un tapis de course parmi les cinquantaines de tapis que possédait le centre, mit ses écouteurs à ses oreilles et commença à courir tranquillement au début. Au bout de cinq minutes, alors qu’il était concentré sur sa course… « Wohh !! » il aperçut une main lui passer devant son visage ; ce qui le surpris et manqua de le faire tomber. Fort heureusement, Jeven avait de bons réflexes, alors il réussit à se rééquilibrer et s’agrippa aux accoudoirs du tapis. Il appuya sur un bouton pour arrêter la machine et retira l’une de ses oreillette afin d’apporter son attention sur ce qu’il se passait. Qui pouvait bien l’arrêter ainsi et manquer de lui casser une jambe ? Il tourna la tête et vit qu’il s’agissait de quelqu’un qu’il connaissait bien : c’était Jasmeen.

“Desire is not always lessened by disgust…And as my words bind my magic, so you can know the truth. If she doesn’t desire your kiss, she won’t be free.” City of Ashes

J’étais en train de regarder César, l’homme qui parle aux chiens à la télévision en même temps de gribouiller dans mon cahier de mathématique afin de finir les calculs que nous avait donner le professeur en guise de travaux de la semaine... ça équivalait a à peu près dix pages recto verso une fois les démarches faites, mais une fois qu’on a compris le principe ça revient au même avec des calculs différents, alors... C’était juste un peu long, à quoi bon en faire 15 si c’est à peu près la même chose... Je regardais César qui s’attaquait, façon de parler, à une famille de Huskie, il y en avait trois dans cette famille et les trois passaient toujours près d’assassiner les pauvres chiens qui passaient un peu trop près de leur terrain terrorisant leurs maitres par la même occasion. Ça doit pas être super d’avoir la mort d’un des chiots du voisin sur la conscience, et la plus part de ces fous iraient à porter un chien au tribunal... Voyons voir ce que César saura faire. Quand même il ne doit pas sortir beaucoup et il doit sentir la gamelle Purina moi je dis! Je baissais les yeux sur mon portable qui venait de vibrer en reposant mon stylo, ma mère faisait les courses et comme à chaque fois elle semblait prête à me donner la liste de l’inventaire par texto. « Je suis au supermarché ma petite papaye tu veux des céréales? » « Non merci. » « Tu veux des pommes alors? » « Non plus. » « De la soupe? » « Non. » « Des biscuits? » « Non!... Tu vas m'envoyer un SMS pour tous les autres articles en magasin ou quoi! » Je souris quand même, parce que je l’aime ma mère même si elle est un peu, bon pas besoin d’expliquer.

Je rangeais mes affaires pour les monter à ma chambre et aller prendre une douche, j’avais le temps de passer au gym avant la répète avec le groupe et bon comme l’exercice c’est important. Normalement j’aime bien courir mais il fait tellement chaud aujourd’hui que je fonderais comme glace au soleil avant d’avoir parcouru un seul petit kilomètre. J’enfilais un short simple et une camisole en rangeant du savon, des vêtements propres et tout le bazar habituel dans mon sac et me rendre à pied à la salle de sport qui n’était pas trop loin de chez moi, pas besoin de prendre un vélo ou les rollers. Je gardais simplement ma bouteille d’eau avec moi et le reste je le cadenaçais dans les vestiaires, on ne sait jamais, il y a des malhonnêtes partout.

Il faut que je fasse un peu attention car j’ai plus tendance à vouloir discuter que de courir sur le tapis roulant ou le vélo stationnaire. Il y avait bien des gens qui faisait de même alors dès que je partais en discussion j’oubliais généralement pourquoi j’étais là... Mais encore une fois ma bonne volonté se faisait couler au fond par une apparition mystique... Bon j’exagère un peu c’est certain mais il m’arrivait de prendre Jeven pour un demi dieu, mais ça c’est le fruit des hormones selon moi. Je me mordillais la lèvre nerveusement en l’observant un petit peu avant d’aller vers lui d’un pas décidé comme si j’allais conquérir l’Amérique avec la flotte australienne. « Hey salut!... Jeven... Hello » J’agitais la main devant son visage comme avec ces écouteur il ne devait pas entendre grand-chose comme il ne répondait pas, ça ou il m’ignorait... ne sait-on jamais. Mais à voir sa réaction c’était pas ça. « Désolé je voulais pas te faire tuer. » Mais je trouvais ça plutôt drôle en fait.

Bon sang ! Etre surpris ainsi, ce n’était pas très sympathique. Il avait l’impression d’avoir été réveillé subitement pendant son sommeil. Après avoir manqué de se fracasser le crâne sur un tapis de course, ce qui l’aurait fait bien rire au final parce qu’il était loin d’imaginer finir sa vie ainsi, il réussit tant bien que mal à se rattraper et fit face à son « agresseur du tapis de cours ». Loin de lui la colère ou tout autre sentiment négatif suite à cet incident, il ne s’attendait pas non plus à être aussi ravi de rencontrer l’assaillant. C’était Jasmeen qui se tenait debout à côté de lui avec ses affaires de sport, et à en voir sa réaction elle regrettait quelque chose. « Désolé, je voulais pas te faire tuer. » dit-elle en guise d’excuse. Jeven haussa un sourcil pour montrer son incompréhension. Ah oui ! Il avait presque oublié ce qui venait de se passer dans les dernières secondes. A vrai dire, il avait plus été étonné de la voir ici de bonne heure au centre de fitness, mais jamais il ne se serait énerver pour ce petit incident ; probablement un peu agacé et il aurait rapidement demandé de faire attention la prochaine fois, même s’il était sûr que cela ne se reproduirait plus, mais ne sait-on jamais ; mais dans tous les cas il n’en ferait pas non plus des tonnes. Il finit par afficher un petit sourire pour rassurer Jazz.

Se tenant toujours sur le tapis en tenant les accoudoirs de la machine un peu arqué en avant pour reprendre ses esprits, il se redressa et jeta un coup d’œil dans la salle afin de vérifier qu’il n’avait pas trop attiré l’attention avec son numéro de cascadeur quand bien même il savait que la plupart des gens qui venaient s’entrainer ici étaient bien plus concentré que lui. Jeven finit par faire face à la jeune femme, enleva le deuxième écouteur encore à son oreille. « Et pourtant, j’étais à deux doigts de l’être … » fit-il en souriant. Qu’il était mauvais ! Faire culpabiliser Jazz… Il devrait avoir honte, mais il aimait bien la taquiner gentiment, ce qui n’était pas trop le cas il y a une dizaine d’années.
Oui c’est vrai qu’à 8 ans, les filles n’étaient pas la grande priorité de Jeven, qui ne jurait alors que par le foot, la musique et tous ces autres jeux qui plaisaient énormément aux petits garçons de son âge. Et quoiqu’il faisait avec ses amis, il y avait toujours Jazz qui trainait pas loin à l’affut de la présence de Caleb. Ils s’entendaient très bien certes, bon, les garçons jouent avec les garçons ; les filles avec les autres filles quoi ! C’était sa logique, bien naïve je vous l’accorde. Les mentalités ont bien changé depuis en grandissant, et heureusement. Si étant petit, notre jeune Sullivan était plus ou moins agacé par Jazz, au fur et à mesure des années, il n’en était plus et au contraire, il avait su apprécier sa présence et sa compagnie ; voir probablement plus, mais il ne l’osait se l’avouer à lui-même. Et tout cela notamment grâce au groupe qu’elle et Caleb avait créé et qu’il avait rejoint. Comme quoi, tout le monde change et Jeven le premier !

« Alors… Qu’est ce qui t’amène ici ? » Une question un peu stupide… Nous sommes dans un centre de fitness, et dans ce centre on y fait du sport, alors Jazz est venue faire du sport. Bien bien ! Un peu maladroit, il s’empressa de rajouter « Je veux dire… T’es déjà debout. Je ne savais pas que tu étais du matin. » Au fond de lui, il se félicitait de s’être levé tôt ce matin et d’avoir eu cette idée géniale de vouloir faire du sport bien qu’il était fatigué ; il ne pensait pas la croiser ici si tôt, surtout que dans tous les cas, ils se verraient un peu plus tard dans la journée pour une répétition.