Cela faisait quelques jours que j'étais revenu à Adélaïde, ma ville m'avait beaucoup manqué quand même mais en même temps je ne la reconnaissais plus, elle avait bien changé, elle était devenue plus touristique. La mort de mon mentor m'avait chamboulé, je me devais de revenir ici, d'être là à son enterrement. C'est tout de même grâce à lui si j'en suis là maintenant, c'est à dire boxeur professionnel. Il m'a tellement appris, tellement donné que je lui en étais redevable. Et pour lui, je donnerai encore le meilleur de moi même. Honte à moi, cela faisait des semaines que je ne l'avais pas appelé pour savoir comment il allait et maintenant je le regrettais tellement, si seulement j'avais pu lui téléphoner une dernière fois, lui parler une dernière fois. Je me sentais en quelque sorte coupable, c'était comme un deuxième père pour moi et même un meilleur père que le mien. Les paillettes m'avaient ébloui.

Alors que j'étais en train de ranger les cartons de mon duplex, Beth, ma fiancée, me prit la tête. Elle était si ordonnée, si maniaque qu'il fallait que je sois rapide et efficace pour ranger notre chez nous. Malheureusement à deux, on avançait pas vite et elle rejetait toute la faute sur moi. On s'engueula méchamment et je décidai de partir et claqua la porte brusquement. Je ne savais pas où aller, je marchais dans Adélaïde sans vraiment savoir où mes pieds me conduiraient. Comme par hasard je me retrouvai à Rundle Street. Ah ce quartier, il me rappelait tant de souvenirs plus ou moins merveilleux ou au contraire tragiques notamment avec mes parents mais bon ça c'était une partie de ma vie que je voulais oublier. J'ai passé de sacré moment dans cette partie de la ville, j'ai eu ma première bande d'amis mais aussi c'est là que j'ai découvert ma grande passion pour la boxe. Je me mis alors en route jusqu'au hangar abandonné où j'ai appris pour la première fois la boxe avec mon mentor, ce fameux mentor dont je vous ai parlé. C'est là aussi où j'ai vu mon premier match de boxe, complètement mythique. Arrivé au hangar, je ne pouvais m'empêcher de sourire, ça me rappelait de tellement bons moments que j'avais presque envie de pleurer. Mais bon je n'étais pas une femmelette et je ne montrais pas mon coeur tendre, je préférais tout garder au fond de moi même si j'étais tout seul à ce moment là.

Alors que je revisitais le hangar que je connaissais si bien, comme si je l'avais quitté hier, j'entendis des pas derrière. Je ne m'attendais pas à ce que ce soit Lexie, mon premier amour. J'ouvris alors de grands yeux ébahis de la voir ici. Qu'est ce qu'elle faisait dans cet hangar et surtout dans Rundle Street ?! Je ne savais pas quoi dire, ça faisait tellement longtemps qu'on ne s'était pas vus...

Cet après-midi-là, Lexie ne travaillait pas, ayant en effet décidé de prendre quelques jours de «vacances». Même si, quand on est journaliste, on n'est jamais vraiment en vacances, toujours à l'affut du sujet assez intéressant pour éventuellement faire la prochaine une du journal. Quoiqu'il en soit, elle avait prévenu son patron qu'elle ne se rendrait pas aux locaux du journal durant quelques jours, sauf en cas d'extrême urgence. Les choses allaient de plus en plus mal avec Declan, son petit ami, et elle avait besoin de prendre du recul par rapport à cela. Elle s'était malgré tout levée de bonne heure et, après avoir été faire son jogging matinal et avoir pris une douche, elle avait décidé que ses vacances improvisées étaient l'occasion idéale de faire un peu de rangement dans les vieux cartons qui traînaient dans le grenier de leur maison, à elle et Declan. Cela faisait maintenant cinq ans qu'ils vivaient ensemble et ces cartons devaient être là depuis environ le même temps.

Les premiers cartons révélèrent principalement des choses complètement inutiles. Lexie passa rapidement en revue leur contenu et le tria en trois piles. D'une part, les choses qui n'étaient plus bonnes qu'à être jetées, d'autre part les souvenirs qui feraient sans doute plaisir à sa mère et qu'elle comptait lui donner. La troisième pile contenait des choses que Lexie, sentimentale malgré elle, tenait à garder malgré leur futilité. Trois bons quart d'heure passèrent avant que Lexie ne passe au tas de cartons suivant. Il lui suffit d'en ouvrir un seul pour que ce qu'elle vit lui glace le sang. En effet, le carton devant elle était rempli d'album photos de son adolescence. Lentement, elle plongea ses mains légèrement tremblantes à l'intérieur et en ressortit l'un des albums. Elle s'appuya contre le mur derrière elle et commença à en faire défiler les pages. Soudain, elle s'arrêta sur une photo d'elle et d'un jeune homme, à peine plus âgé qu'elle. Depuis qu'il était parti, elle avait tout fait pour essayer de l'oublier. Sans grand succès. Cependant, elle n'avait plus revu ce visage depuis des mois, même en photo. Et le revoir lui déchira le cœur. Malgré tout, elle décolla doucement la photo de l'album et la fourra dans la poche arrière de son jeans. Puis elle quitta le grenier, laissant les cartons et les piles qu'elle avait préparées comme elles étaient. Cela pouvait attendre le lendemain. Là, dans l'immédiat, elle avait besoin de se changer les idées.

Après avoir attrapé sa veste, elle sortit de la maison et commença à marcher, sans savoir où ses pas allaient la mener. Elle pensait à tout ce qu'il se passait autour d'elle pour le moment. Et elle pensait à ce qu'elle aurait fait auparavant si elle s'était retrouvée dans l'état où elle était en ce moment même. C'est ainsi qu'elle atterrit dans Rundle Street, sans même s'en rendre compte. Elle se sentait si faible, tout à coup. Cette stupide photo avait fait ressurgir tant de souvenirs en elle qu'elle avait envie de hurler. Des souvenirs qui étaient aussi liés à ce quartier puisque c'était ici que tout avait commencé. Lexie ne prêtait aucune attention au chemin qu'elle empruntait, elle avait l'impression que quelqu'un la poussait dans le dos pour la mener là où il voulait. Pourtant, même si elle avait l'impression de ne pas contrôler ses mouvements, elle savait où elle allait arriver. Et ses doutes se confirmèrent lorsqu'elle vit se dresser devant elle un hangar complètement abandonné aujourd'hui. Autrefois, il avait abrité des matchs de boxe et même des cours, certains après-midi. Lorsqu'elle était adolescente, Lexie venait souvent ici. Elle avait cessé d'y venir durant plusieurs semaines à l'âge de dix-huit ans. Puis, un après-midi, elle y était venue rendre visite à un homme qui avait l'âge d'être son père. En fait, c'était un peu ce qu'il était. Pour tous les jeunes perdus de la ville, d'ailleurs. Et aujourd'hui, il n'était plus. Et c'était en partie ce qui chamboulait Lexie. Et pourtant, elle n'était pas au bout de ses peines.

Lexie prit une inspiration avant d'entrer dans le hangar. Évidemment, elle s'attendait à être seule. Il n'y avait presque personne qui venait ici depuis qu'Owen Johnson avait cessé de donner des cours. Quelques fois, ses anciens élèves lui rendaient visite mais ils étaient rares ceux qui pensaient encore au vieil homme et à tout ce qu'il avait fait pour eux. Et pourtant, étrangement, elle vit une silhouette se mouvoir dans le fond du hangar. Une silhouette qui, malgré les années, lui rappelait quelqu'un. Quelqu'un qu'elle ne s'attendait pas à voir. Et quelqu'un qui ne s'attendait visiblement pas non plus à la voir. Noah. Elle pensa immédiatement à la photo qu'elle avait laissée dans la poche arrière de son jeans. C'était avec lui qu'elle y posait. Le seul homme qu'elle ait vraiment aimé. Celui avec qui elle avait rompu pour qu'il puisse aller vivre son rêve en Europe. Si elle pensait que son cœur s'était déchiré lorsqu'elle avait trouvé la photo, ce qu'elle ressentit à ce moment-là fut bien pire. Elle était tiraillée entre l'envie de pleurer et de sauter dans les bras de Noah. Ou les deux. Mais elle n'en fit rien. Elle se contenta de déglutir péniblement avant d'arriver à articuler une phrase plus ou moins compréhensible. « Noah? Mais... que... qu'est-ce que tu fais là? » Elle n'arrivait pas à en croire ses yeux. Elle était si chamboulée qu'elle ne pensa même pas à la seule et unique raison qui aurait pu le ramener à Adélaïde.

En allant au hangar, je ne m'attendais absolument pas à voir quelqu'un. Je voulais retrouver mes sources, d'où j'étais parti, le commencement de mon talent pour la boxe. Ici j'ai tout appris grâce à mon mentor et je lui devais tout. Cet endroit était comme ma deuxième maison. Et encore quand j'étais adolescent, je passais le plus de temps possible dans cet hangar que chez moi. Chez moi j'avais une ambiance des plus pourries qu'il pouvait exister entre mon père alcoolique violent et ma mère shootait aux médicaments. D'ailleurs en revenant à Adélaïde, je n'ai même pas pris la peine de venir les voir, pour moi ils ne le méritent pas et je ne veux pas que ma fiancé les voit. Elle verrait en plus dans quelle misère je vivais à l'époque et je ne veux pas. En plus elle est d'un bon parti, venant d'une famille riche et moi ? Bah je viens tout simplement d'une famille de tarés complètement sans argent. Et j'aimerai qu'elle l'apprenne le plus tard possible.

Bref, j'étais dans cet hangar et quand j'entendis des pas derrière moi, j'eus le réflexe de me retourner. Devant moi se trouver mon premier amour. Je ne savais pas qu'elle venait toujours là et c'était bien la dernière personne que je pensais croiser dans cet hangar. Certes quand on a commencé à se fréquenter, on faisait de la boxe ensemble, je lui apprenais tout ce que je savais mais bon je ne pensais quand même pas qu'elle venait encore ici. En tout cas de nombreux sentiments me traversaient l'esprit. J'étais heureux de la voir, elle était si belle, encore plus belle qu'il y a sept ans. Je savais pourquoi j'étais tombé amoureux d'elle mais il ne fallait pas que j'y pense, j'avais Beth et je l'aimais ma fiancée. D'un côté j'étais en colère un peu contre elle, elle m'avait largué comme ça sans aucune raison et je lui en voulais. D'ailleurs c'est pour ça que je suis parti en Europe, si on était encore ensemble je n'y serais pas allé juste pour elle parce que je pensais que c'était la femme de ma vie mais apparemment non...

J'avoue qu'elle pouvait avoir un choc en me voyant dans cet hangar car il y avait quelques jours j'étais encore à Londres en train de faire un match de boxe. Mais la mort de mon mentor m'avait ramené à mes sources. Je voulais être présent lors de son enterrement. Je pensais qu'elle s'en douterait que je reviendrais à Adelaïde pour lui au moins mais non elle me posa quand même la question. Elle était toute chamboulée et moi dont d'ailleurs. Avant de lui répondre, je me mordis la lèvre inférieure, puis je lui dis :

Je suis revenu pour la mort d'Owen, j'avais besoin de revenir ici aussi. Et toi qu'est ce que tu fais dans cet hangar ?

Ce n'était pas un bon endroit pour une jolie fille de trainer par là parce que dans Rundle Street il y a de nombreux voyous. Enfin si c'est comme quand je l'avais quitté. Même si j'aimais cette partie de la ville, ce n'était pas la meilleure de la ville au contraire c'était la pire où il ne fallait pas y aller seul.

Lexie se souvenait parfaitement du jour où Noah lui avait parlé de l'opportunité qui s'offrait à lui. Il avait l'occasion de faire un stage de boxe en Europe. Stage qui le mènerait de façon presque certaine à une carrière professionnelle. C'était le rêve de Noah, sa petite amie le savait parfaitement. Et quitter Adélaïde, s'en aller loin des ses parents aurait fait un bien fou au jeune homme. Pourtant, il ne lui avait pas fallu longtemps pour décréter qu'il ne partirait pas. Avant même qu'il ne lui révèle, Lexie avait compris que ce qui le retenait à Adélaïde, c'était elle-même. Et tous les encouragements qu'elle aurait pu lui offrir ne l'aurait pas fait changer d'avis. La seule chose à faire, c'était faire en sorte que plus rien ne le retienne ici. C'est pourquoi Lexie avait décidé de rompre avec Noah. « Ça ne peut plus continuer entre nous, je n'arrive pas à m'épanouir dans notre relation. » C'était plus ou moins ce que la jeune fille qu'elle était avait déclaré à l'attention de son petit ami. Et pourtant, elle n'en pensait pas un mot. Noah était comme une bouffée d'oxygène pour elle, elle avait l'impression qu'elle ne pourrait jamais vivre sans lui. Et bon sang ce qu'elle appréciait la manière dont il la regardait, ses baisers, ses caresses. Mais il ne fallait pas qu'elle repense à cela. C'était du passé. Aujourd'hui, il fallait qu'elle soit heureuse que Noah ait réalisé son rêve. Et puis, elle avait Declan. Même si les choses n'était pas toujours roses entre eux, c'était grâce à lui qu'elle avait surmonter le départ de Noah. Declan qui avait été en son temps le meilleur ami de Noah. Lexie soupira discrètement avant de relever la tête et de caler son regard dans celui de Noah. Elle n'était pas du genre à se laisser démonter si facilement et, si il lui faudrait bien raconter tout ça à Noah, ce n'était pas encore le moment.

« Bien sûr que tu es revenu pour Owen. C'est juste que je ne m'attendais pas à tomber sur toi. » Était-ce bien vrai? Lexie n'était-elle pas revenue ici dans le but de voir un visage familier? Alors qu'elle savait pertinemment qu'elle ne pourrait pas tomber sur Owen. Elle espérait pourtant que ses pas l'avaient menée ici par hasard ou par réflexe, parce qu'elle avait fait ce chemin des centaines de fois. D'abord lorsqu'elle venait retrouver Noah puis lorsqu'elle avait besoin de parler à quelqu'un qui écouterait sans broncher ses peines de cœur. Ce quelqu'un, c'était Owen. Lexie avait toujours su qu'elle pourrait compter sur lui, même une fois qu'elle aurait quitté Noah. Et cela se révéla être vrai. Owen avait tout de suite compris que Lexie aimait encore Noah. Alors lorsqu'il voyait débarquer la jeune fille, il l'accueillait à bras ouverts, comme l'aurait fait un père. Et il passait du temps à parler ou, parfois même, ils restaient simplement assis, l'un en face l'autre, sans rien dire. Une chose est sûre, ces visites faisaient toujours beaucoup de bien au moral de Lexie.

Reportant son attention sur Noah, elle tenta d'engager la conversation, le plus naturellement qu'il soit possible au vu des circonstances. « Alors, c'est comment l'Europe? » Après le départ de Noah, les seules nouvelles qu'elle avait eues de lui lui avait été transmises par Owen. Elle se doutait que Noah devait lui en vouloir et préférait ne pas tenter de le joindre, auquel cas elle aurait sans doute craqué et lui aurait tout avoué.

J'avais besoin de revenir à cet endroit, c'était l'endroit où je me sentais comme chez moi, encore plus que dans la maison de mes parents ou alors dans l'appartement qu'on venait d'acheter avec Beth. Ce hangar me hantait jour et nuit, dans mes rêves il me disait de venir à lui et même des fois je rêvais d'Owen. Oui c'était plutôt bizarre ces rêves, il me conseillait pour mes matchs de boxe dans mes rêves, le lendemain matin je n'y croyais pas. En fait, c'est comme si Owen était toujours auprès de nous. En venant dans cet endroit, j'espérais voir Owen, je ne sais pas trop comment l'expliquer, j'avais besoin de lui, de lui parler, qu'il me conseille. Mais non, tout ça était fini. Ce père, que je n'ai jamais eu étant donné que le mien était une étranger, avait disparu et la peine de mon coeur était immense. Me balader dans ce hangar me rappelait des souvenirs merveilleux ineffaçable.

Quand je vis Lexie, de nombreux souvenirs me refirent surface, des bons mais aussi des moins bons, enfin un seul à vrai dire. Le dernier jour à Adélaïde, elle m'avait planté comme une vieille chaussette pourrie. Je pensais qu'elle s'était foutue de ma gueule pendant tous ces mois ensemble, qu'elle ne m'avait jamais vraiment aimé en gros, qu'elle s'était servie de moi. Je lui en voulais, j'avais canalisé ma colère quand elle m'avait dit cela mais j'étais justement venu dans cet hangar pour me défouler sur les punshing ball et même sur le ring avec un gros poids lourd. Owen m'avait même consolé. Là elle se tenait face à moi, je ne savais pas vraiment comment réagir face à elle. Lui déballer ce que j'avais sur le coeur ? Faire comme si de rien n'était ? Ou alors l'ignorer ? Je ne savais pas comment réagir mais en tout cas, je n'avais pas très envie de lui parler ou lui raconter ma vie. J'hochai la tête quand elle me dit que ça lui faisait bizarre de me voir là.

Je regardais alors autour de moi pour voir si le hangar avait beaucoup changé quand Lexie me demanda comment c'était l'Europe. J'avais envie de lui dire : "C'était super !! Surtout le début quand j'étais déprimé vu que tu avais rompu..." Mais en fait je me tue, réfléchissant à une réponse potable. L'Europe avait été géniale et avait construit mon avenir comme il se devait, mon rêve s'était réalisé. Même si au départ j'étais déprimé, ma déprime s'était transformée en colère et m'avait motivé davantage. En plus grâce à l'Europe j'avais trouvé la ravissante femme qui partageait ma vie désormais mais ça je ne lui dirais pas, je n'avais pas envie qu'elle le découvre pour l'instant. Je lui répondis alors tout simplement :

C'était génial, maintenant je suis professionnel, d'ailleurs je ne sais pas si ils en ont parlé dans les journaux d'Adélaïde. En tout cas l'Europe a changé ma vie. Et toi tu as fait quoi durant ces années ?

J'étais curieux de savoir ce qu'elle était devenue, elle n'avait pas quitté Adélaïde je crois. Puis aussi j'avais envie de savoir ce qu'était devenu mon meilleur ami Declan. Je l'avais abandonné comme ça. Je demandai alors à Lexie :

Et t'as des nouvelles de Declan ?

Lexie avait du mal a soutenir le regard de Noah, de peur de trahir ses émotions. Elle ne devait pas craquer. Elle ne le pouvait pas. C'était elle qui avait rompu avec lui, même si elle ne l'avait jamais vraiment voulu. Elle aurait voulu qu'il se batte pour la récupérer. Au fond, elle avait espéré qu'il le fasse lorsqu'elle avait rompu avec lui. Au lieu de cela, il était parti. Lexie savait qu'elle n'avait pas à lui en vouloir mais elle ne pouvait s'en empêcher. Si il l'aimait vraiment, pourquoi n'avait-il rien tenté pour arranger les choses? C'était ce qu'elle aurait fait, elle. Ou peut-être pas finalement. Ils étaient tous les deux fiers. C'était sûrement ce qui avait facilité le choix de Noah. Après tout, l'annonce de la rupture de Lexie avait du foutre un sacré coup à son égo. Elle ne devait pas lui en vouloir. Mais c'était plus facile à dire qu'à faire.

Alors que Lexie tentait de lancer une conversation sur un sujet plutôt simple, elle vit que Noah du réfléchir avant de pouvoir lui répondre. Il était seulement de retour et il ne savait déjà plus si l'Europe lui plaisait? Non, ça cachait quelque chose. Lexie connaissait Noah mieux qu'elle-même et elle du malgré elle se rendre à l'évidence. Il se méfiait d'elle. Peut-être même que sa présence ici l'insupportait. En tout cas, il n'était plus le même. Mais comment aurait-il pu l'être après tout ce qu'il avait dû se passer dans sa vie, depuis qu'ils s'étaient quittés? Quoiqu'il en soit, ce changement dans le comportement de Noah à son égard peina Lexie. Et encore une fois, elle se dit que tout ça était sa faute. Soudain, Noah brisa le silence et annonça à Lexie une chose qu'elle savait déjà. Bien sûr que les journaux d'Adélaïde avait parlé de l'enfant du pays devenu un grand champion. Et elle le savait mieux que quiconque puisque, en plus de travailler à l'Adelaïde's Daily, c'était elle qui avait écrit un article de deux pages ventant le talent de Noah et le courage dont il avait fait preuve pour en arriver là où il était, et ce malgré son passé difficile. Cependant, elle n'avait jamais signé cet article et avait fait promettre à Liam, son patron, que personne ne serait jamais au courant de qui en était l'auteur. Finalement, elle répondit à Noah, un léger sourire aux lèvres. « Bien sûr que les journaux en ont parlé. Ils n'ont fait que ça... » La nostalgie perçait dans la vie de Lexie. Elle aurait tellement voulu vivre ça avec lui. Après une brève pause, elle reprit. « Moi? J'ai terminé mes études de journalisme. Et je travaille au Daily désormais... » Elle qui aurait tant voulu devenir une grande reporter et voyager à travers le monde. Elle avait sacrifié son unique réel amour pour qu'il puisse son rêve et, en chemin, elle avait oublié le sien. Elle ne regrettait pas son travail. Non, elle l'aimait. Mais elle avait toujours cette impression de manque en elle, ce vide à combler.

Lexie fut brusquement sortie de ses pensées lorsque Noah lui demanda des nouvelles de Declan. Elle sentit soudain son pouls s'accélérer et ses mains devenir moites. Pourquoi avait-il fallu qu'il lui pose cette question? Pour en avoir, elle en avait, des nouvelles de Declan. Mais comment avouer à Noah qu'elle se réveillait chaque matin à ses côtés? C'était grâce à lui que Lexie avait pu surmonter le départ de Noah. Puis Declan aussi avait eu besoin de soutien après avoir perdu son seul repère. Alors ils s'étaient entraidés et avaient fini par céder à la pression et à la tentation. Ils vivaient ensemble depuis près de six ans. Mais ce n'était pas vraiment le sujet dont Lexie aurait préféré parlé avec Noah. Elle trouva finalement un moyen de contourner le problème. « Oui, on a... gardé contact. Mais il ne va pas vraiment bien pour le moment. Et même si il n'en parle plus désormais, tu lui manques encore. » C'était vrai. Lexie ressentait toute la peine que Declan avait en lui, même si il n'y faisait jamais référence. Ces derniers temps, il s'était encore plus renfermé sur lui-même et leur relation s'était empirée. Mais elle ne pouvait pas le laisser tomber.